jeudi 10 juillet 2008

Le premier film d’un réalisateur irakien

Le premier film d’un réalisateur irakien
« Yamon akhar »

Nouvellement recréé à Boujâad, portant le nom de l’un des cinéastes engagés du cinéma marocain, feu Mohamed Raggab, et dans le cadre de ses activités cinématographiques de la deuxième session de l’année 92-93, le ciné-club a projeté, le 14 mars, un film intitulé « « Yamon akhar » (Une autre journée) du réalisateur irakien Sahab Haddad.

A. Fiche technique :
Le film en question a été produit par l’Institut du cinéma et du Théâtre en 1979.
• Histoire et le montage sont de Sabah Haddad
• Scenario : Sahab Haddad et Attouane Ezzaidi
• Photographie: Nehad Ali
• Musique: Salhi EL Wadi

B. Synopsis:
C’est l’histoire d’un massacre perpétré, au sein d’un désert, contre des bohémiens qui mènent une vie paisible, ancrée dans les délices terrestres, malgré les conditions insupportables du climat. Cet événement tragique, qui ouvre le récit, est dû principalement au conflit opposant une classe d’agriculteurs à certains despotes, dont le souci foncier est de tirer profit du désert et de tout ce qu’il contient : nature, bêtes, hommes…

C. Le contraste :
Le film met en scène une sorte d’opposition qui concerne les personnages et l’espace.

a) les personnages :
D’abord, l’on est en présence d’une classe des seigneurs qui sont d’une élégance et d’un embonpoint remarquables et bénéficient de l’appui d’un certain pouvoir provenant de l’extérieur et de l’assistance d’une classe si instruite (percepteurs, comptables…). Ces premiers mènent excessivement une vie de débauche.
Ensuite, les agriculteurs sont, par contre, de taille normale ou maigre. Comme les bohémiens (sans terre), ils endurent la dureté de l’espace et l’injustice des Cheikhs.

b) l’espace :
Il y a possibilité de distinguer l’espace général, qui est le désert, de l’espace particulier, dont les maisons en pisé pour les seigneurs et les agriculteurs, les tentes pour les bohémiens. Ainsi, l’espace de ces derniers est plus menacé, en ce qu’il est exposé aux aléas du climat infernal du désert et à la cupidité des partisans des cheikhs, qui n’y sèment que crimes, viols et violences.


D. Le récit filmique :
Le réalisateur a recours à un procédé assez courant au cinéma, à savoir l’analepse ou la rétrospection. Elles sont en nombre de trois, dont deux sont principales : la première est actualisée par le bohémien qui agonise ; la seconde est mémorielle de Saïd à la caverne. Cette technique a une double fonction :

1. dilater la durée de l’histoire
2. transgresser le déroulement linéaire des faits

Ainsi, sur le plan du récit, on peut retenir la succession suivante :
1. Massacre des bohémiens
2. Assassinat de Rachid
3. Assassinat de la femme de Saïd

Par contre, sur le plan de l’histoire, en reconstituant les faits, on obtient la chronologie suivante :

1. Assassinat de la femme de Saïd par Rachid

2. Assassinat de Rachid par Saïd



3. Massacre des bohémiens

Ces analepses ont donc une fonction explicative, en ce sens que le film commence par l’avant-dernière scène.




Bouchta FARQZAID
LIBERATION, Vendredi 2 avril 1993, p. 8

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